LE MYTHE HEROIQUE

Rappel:

Le hŽros est un surhomme ˆ mi-chemin entre hommes et dieux, qui sans cesse parcourt l'espace qui les sŽpare. Hercule, ThŽsŽe, EnŽe, sont issus de l'union de dieux et d'humains. D'autres sont hŽro•sŽs par leurs parcours exceptionnel: Ulysse, Oedipe, etc. Hegel, dans ses Leons d'esthŽtique, en distinguait 3 types:

- le hŽros Žpique (aux prises avec des forces extŽrieures fatales, homme exemplaire abattu par le destin), Siegfried

- le hŽros tragique (vouŽ ˆ la mort par une passion dominatrice), Oedipe

- le hŽros dramatique (qui fait face ˆ des situations compliquŽes par des actions qui sortent de l'ordinaire). Ulysse, EnŽe

 

SYMBOLIQUE

 

HŽros. DŽfinitions du LittrŽ (rŽfŽrenciŽes par Philippe Sellier)

1. Nom donné dans Homère aux hommes d'un courage ou d'un mérite supérieurs, favoris particuliers des dieux, et dans Hésiode à ceux qu'on disait fils d'un dieu et d'une mortelle ou d'une déesse et d'un mortel.

2. Fig. Ceux qui se distinguent par une valeur extraordinaire ou des succs Žclatants ˆ la guerre.

3. Tout homme qui se distingue par la force du caractère, la grandeur d'âme, une haute vertu.

4. Terme de littérature. Personnage principal d'un poème, d'un roman, d'une pièce de théâtre.

5. Le héros d'une chose, celui qui y brille d'une manière excellente en bien ou en mal... Le héros du jour, l'homme qui, en un certain moment, attire sur soi toute l'attention du public.

 

HŽros grec (ˆ demi divin, lumineux, surclassant les tres du commun), protagoniste du western, idole du sport,  procèdent d'une rêverie fondamentale de l'humanité, présente dans de nombreux mythes, des épopées, des fragments épiques, des récits politico-guerriers (Alexandre, César, Louis XIV, Napoléon), la rêverie d'excellence, le désir d'être dieu.

Au début du XXe siècle l'on s'avisa qu' un peu partout étaient apparus dès la plus haute Antiquité des récits semblables, les "vies de héros", de surhommes, d'êtres à mi-chemin de la condition des dieux et de la vie humaine ordinaire. La psychanalyse et la mythologie se croisèrent pour rendre compte de ces permanences. Un disciple de Freud, Otto Rank, publia en 1909 son Mythe de la naissance du hŽros. Puis parurent de nombreux ouvrages, dont les plus importants furent ceux de Joseph Campbell (1949), de Charles Baudouin (1952), de Carl-Gustav Jung (1953), de Gilbert Durand (1961) et de Jan de Vries (1963).

Cette rêverie s'avère être à l'origine d'une part considérable des productions de la "culture de masse" : westerns, romans et films policiers, récits sportifs, affiches, bandes dessinées, etc.

 

MODELE HEROIQUE ET EPOPEE

 

I- L'agrandissement

Le héros est plus grand et plus fort que les autres, mais non gigantesque (le gigantisme fait partie du monstrueux) ni invulnérable. Il doit avant tout rester humain.

 

II- Le merveilleux

Il est protŽgŽ des dieux. On peut distinguer le merveilleux antique (intervention des dieux protecteurs), le merveilleux celtique (fŽes et enchanteurs), le merveilleux chrŽtien (Dieu, anges et saints).

 

III- L'action, les personnages

le hŽros, dans ses aventures

- rencontre d'innombrables personnages,

- affronte de multiples dangers dans un chapelet d'actions (ce qui convient particulirement aux serials, Žcrits, dessinŽs ou filmŽs)

l'action

- est rapide, fondŽe sur le mouvement

- le dŽpart s'en fait "sur les chapeaux de roue".

 

IV- Le souffle Žpique

- Force impŽtueuse

- Mise en valeur des contrastes (noir/blanc, manichŽisme)

- Jaillissement d'images fortes, avec un bestiaire typique (rapaces, fauves, reptiles, monstres...)

 

V- Epique et tragique

- Si le hŽros peut apparaitre comme tragique, ŽcrasŽ par les forces de la fatalitŽ, ce n'est que par dŽcoupage dans le mythe. La mort d'HŽracls, dans le tragique, est une fin. Mais dans l'ŽpopŽe, elle n'est qu'apparente et est de fait un triomphe (apothŽose).

- Il n'y a pas de tragique dans le vie du héros, même s'il souffre et est parfois pathétique: il  redresse toujours la situation.

 

LA GESTE DU HEROS

Philippe Sellier

Les récits dans lesquels s'est exprimé le désir d'héroïsme, d'arrachement à la banalité de la vie, de supériorité sur le reste du monde, d'élévation à une condition quasi divine, forment un genre littéraire, l'épopée. Avec un thème fondamental, un "modèle": la manifestation de plus en plus éclatante du héros par des naissances successives jusqu'à sa naissance immortelle.

 

I- Structure du modèle héroïque

1- Naissance illustre

Son pre ou sa mre sont de nature divine (HŽrakls, Achille), ou sont des reflets de la divinitŽ: rois, princes, tres proches des dieux.

 

2- Occultation et reconnaissance

- La naissance de l'enfant a été précédée d'oracles ou de songes, avertissements souvent menaçants pour le père: le nouveau-né est alors rejeté par sa famille, abandonné, "exposé", condamné à périr. La forme la plus répandue de cet abandon est l'exposition sur l'eau,  mise au jour de la peur enfouie de refaire en sens inverse le chemin de la vie, du liquide amniotique à la naissance (Moïse, Persée sur les flots dans un coffret en compagnie de sa mère Danaé).

Menacé par un univers hostile, l'enfant est sauvé par des pêcheurs (Persée), par des pâtres (Oedipe), par un bouvier (Cyrus), ou par des animaux secourables (Romulus et Rémus). Il va mener alors une existence obscure. C'est la période d'une vie cachée, d'une mort apparente.

1-Planche: occultation

PersŽe (film de Desmond Davis, Le choc des Titans)

Pâris (film de John Kent  Harrison, HŽlne de Troie)

Oedipe (Chaudet Antoine Denis (1763-1810) Oedipe enfant rappelé à la vie par le berger Phorbas)

Romulus et Remus, La louve romaine, bronze étrusque (ajout des enfants Renaissance)

Moise, Psautier de saint Louis

Cyrus, d'aprs Ricci Sebastiano (1659-1734) Cyrus enfant confiŽ ˆ un berger

- Divers ŽvŽnements mettent fin ˆ cette occultation du hŽros.

- Il a gardŽ un signe de son origine, et on le reconnaît (ThŽsŽe, Cyrus).

- Il rencontre un jour ses vrais parents, s'attaque à son père, puis est reconnu (Oedipe).

- Le plus souvent, il se révèle par des travaux éclatants, des exploits. C'est l'Žpiphanie héroïque (travaux d'Héraklès-Hercule). Le plus typique est le combat contre le monstre, qui souvent veille sur une jeune fille (Andromède dans le mythe de Persée). Quelquefois le dragon sera remplacé par un horrible colosse (Goliath dans la Bible, le Morholt dans Tristan et Yseut), ou par une multitude d'ennemis, le grand nombre apparaissant par lui-même comme monstrueux (Samson contre les Philistins, Roland contre les Sarrazins).

2- Planche: reconnaissance du hŽros-le signe

Ingres, Oedipe et le sphinx

Le Maire Jean (1598-1659), ThŽsŽe retrouve l'ŽpŽe de son pre

Collin de Vermont Hyacinthe (1693-1761) Cyrus adolescent fait fouetter le fils d'Artambars

3- Planche: reconnaissance du hŽros-les exploits-le monstre

Jason: Ovide, Les MŽtamorphoses. Flandre, seconde moitié du XVe siècle. Jason et les taureaux, labourant, semant les dents du dragon, prenant la Toison d'or

Lancelot: Paris, début du XVe siècle. Atelier du Maître des Clères Femmes.

Combat de Lancelot contre deux dragons

David: Vincent de Beauvais, Miroir historial  David et Goliath

Tristan et Morholt

Roland: enluminure  des Grandes Chroniques de France, 15e.

Samson: Bassano Jacopo (dit), Jacopo da Ponte (1515-1592) Samson combattant les Philistins

- La fragmentation du "modle"

Les récits héroïques n'utilisent pas toujours la totalité des séquences qui viennent d'être évoquées. Ces séquences étant dominées par la loi du contraste, maintes oeuvres se sont construites autour d'une seule des oppositions évoquées. Un enfant obscur devient héros et roi: David. Ou le héros, inconnu de tous, est reconnu à un "signe": Ulysse par son chien, puis par sa nourrice, puis par les prétendants. Le contraste inconnu-reconnu peut multiplier les variations: les trois reconnaissances d'Ulysse, les douze travaux d'Héraklès-Hercule, les innombrables combats singuliers de l'Iliade et des formes contemporaines de l'épopée (western, policier...).Ces redoublements, très nombreux dans les récits héroïques, expliquent la composition en chapelet, où se succèdent toutes sortes de faits autonomes. Dans les siècles passés, cette autonomie des épisodes a permis à un Louis XIV d'inscrire dans une succession de médailles l'histoire de son règne. De même les images d'ƒpinal ont fait beaucoup pour la diffusion du mythe napoléonien. Aujourd'hui la liberté de ces redoublements favorise la création de "séries" d'aventures, aussi bien dans les bandes dessinées que pour la télévision.

4- Planche: travaux d'Hercule

Euphronios (fin du 6e-1ere moitiŽ du 5e sicle) HŽracls et AntŽe, Amphore ˆ figures noires 540-530 av JC HŽracls et l'hydre de Lerne, HŽracls et les oiseaux du lac Stymphale, vers 500-490 av JC Peintre de Diosphos,  Peintre d'Andokides vers 530-520 av JC, HŽracls et Cerbre,  Amphore ˆ figures noires vers 560 av JC,  HŽracls et les Amazones, ApothŽose d'HŽracls, vers 400-375 av JC

5- Travaux d'HŽracls, mŽtopes du temple de Zeus ˆ Olympie

 

3- Le hŽros face ˆ la mort

Un jour viendra o le hŽros, du fait de sa part humaine, devra affronter la mort. Essentiellement invulnŽrable dans ses conflits avec les hommes ordinaires, il ne saurait tre vaincu. Pour assurer sa mort, lÕimagination a recouru ˆ deux solutions privilŽgiŽes:

- le traître. L'invincible sera frappé dans le dos, comme Achille et Siegfried: tous deux ont été rendus invulnérables en étant plongés dans un liquide magique, sauf le talon pour Achille et quelques centimètres du dos pour Siegfried. Tous deux seront frappés par derrière par des lâches (Pâris, Hagen). Héraklès est trahi par sa propre femme, Déjanire, qui lui fait endosser une tunique empoisonnée.

6- Planche: mort par traîtrise

Wolfgang Petersen, Troie, Achille blessé par Pâris

Fritz Lang  Les Nibelungen, Mort de Siegfried

Peter Paul Rubens, la mort d'Achille, 1630-1632

- La mort volontaire: le héros décide librement d'aller au-devant de la mort.

Il est au moins un cas où les deux solutions -la tra”trise et la liberté- coexistent: la mort du Christ. La vie de Jésus reproduit de façon originale le modèle héroïque. Il en sera de même de l'héroïne que Michelet considérait comme la plus parfaite imitation du Christ, Jeanne d'Arc.

7- Planche: sacrifice volontaire

Guido Reni (1573-1642),  Hercule sur son bžcher

Jules Eugne Lenepveu (1819-1898), Jeanne d'Arc au bžcher, PanthŽon

- Mais sa mort n'est qu'apparente. Héraklès trahi élève son propre bûcher, mais à peine les flammes surgissent-elles qu'il est transporté dans l'Olympe. De même Jeanne d'Arc agonisante est imaginée par Claudel comme entendant déjà les voix célestes qui l'accueillent (Jeanne au bžcher, 1937). Le Christ, enfin, traverse la mort physique pour s'élever dans une suprême épiphanie, la Résurrection-Ascension. En mythologie, cette dernière victoire porte un nom : l'"apothéose" héroïque.

8- Planche: apothŽose

Abraham Janssens (1575-1632)
L'Apothéose d'Enée

Noël  Coypel (1628-1707) L'apothŽose d'Hercule conduit dans l'Olympe par Mercure

 

II- SolaritŽ du hŽros

Ses traits sont toujours empruntés au soleil., lequel parcourt ausi des étapes (aurore, zénith, crépuscule), entre dans l'ombre et sort de l'ombre comme le héros, avec un lever-naissance et un coucher-mort apparente. Le soleil semble descendu au royaume des ténèbres qu'il traverse sans être atteint par la mort. Comme le sera le héros, il est invincible.

Traits physiques solaires:

- Chevelure exprimant le rayonnement (crinire lŽonine d'Alexandre, blondeur dorŽe, force de Samson)

- Yeux: regard montrant la grandeur solaire (les yeux d'héraclès lancent des flammes, ceux d'Achille étincellent...)

- Animaux: le hŽros est associŽ ˆ ceux qui sont mis en rapport avec le soleil, comme l'aigle et le lion. Quand il meurt et ressuscite sur un bžcher, il renouvelle la renaissance du phŽnix, oiseau solaire de la mythologie (HŽracls, Jeanne d'Arc).

9- Planche

Ulysse,  film italien rŽalisŽ par Mario Camerini, sorti en 1954.

Alexandre (Colin Farrell), pŽplum franco-amŽricain d'Oliver Stone, sorti en 2004

Attila le Hun (Gérard Butler), tŽlŽfilm pŽplum historique amŽricain de Dick Lowry sorti en 2001.

Achille (Brad Pitt) dans Troie, film amŽricain rŽalisŽ par Wolfgang Petersen, sorti sur les Žcrans en 2004.

 

III- SouverainetŽ du hŽros

1- Le hŽros est celui qui dŽlivre, le sauveur.

Sa grandeur devient telle quÕelle tend ˆ lÕimposer comme chef politique. CÕest pourquoi ou bien le hŽros est originellement roi et reprend un tr™ne qui lui est dž (Îdipe, ThŽsŽe, Cyrus), ou bien sa coexistence avec le pouvoir politique se rŽvle difficile, pleine de risques. Ce conflit entre le hŽros et le chef politique reproduit, dans lÕordre de la guerre, celui qui oppose, dans lÕordre religieux, le prophte au prtre, lÕinspirŽ de Dieu au fonctionnaire, lÕ‰me incandescente ˆ lÕtre mesquin. Le hŽros, comme le prophte, tend ˆ tre asocial, ˆ Žchapper aux lois, dans lÕIliade comme dans le western.

10- Planche: sauveur et roi

PersŽe: Wtewael Joachim (1556-1638) PersŽe secourant Andromde

Deviendra roi d'Argos et crŽera Mycnes

Ulysse: Cratre en cloche ˆ figures rouges AttribuŽ au Peintre d'Ixion. Campanie vers 330 av. J.-C. Massacre des prŽtendants par Ulysse, TŽlŽmaque et EumŽe

Retrouvera son trone ˆ Ithaque

ThŽsŽe et le Minotaure, fresque de PompŽi (Maison de Gavius Rufus)   

Succèdera à son père sur le trône d'Athénes et est considéré comme roi-fondateurde la ville.

 

2- Le dŽfi ˆ la divinitŽ

- DŽmesure: Ivre de sa grandeur, le héros va défier la divinité elle-même. L'échec et le châtiment ne se feront pas attendre, par exemple sous la forme de la mise à mort du compagnon, du "double" du héros:  mort d'Enkidu, l'ami de Gilgamesh, de Pirithoüs, compagnon de Thésée (tous deux, en proie au vertige de leur gloire, s'étaient imaginé pouvoir enlever l'épouse d' Hadès), de Patrocle, l'ami d'Achille.

11- Planche: DŽmesure et punition-Mort du double

Relief antique, (430-420 av J-C) HŽracls aux Enfers ramenant ThŽsŽe (ˆ droite) et Pirithoos assis condamnŽ ˆ rester aux enfers.

INGRES  Jean Auguste Dominique (1780 - 1867) Achille recevant les ambassadeurs d'Agamemnon. Grand prix de Rome de peinture d'histoire, 1801.

Le sujet s'inspire du chant I de l'Iliade d'Homère: Achille joue de la cithare, et Patrocle l'écoute. Délégués par Agamemnon, Ajax, Ulysse et Phénix, accompagnés de deux hérauts, viennent demander à Achille de reprendre le combat contre les habitants de Troie : "Lors, les deux envoyés - Ulysse le divin s'avançant le premier - s'arrêtent devant lui. Achille, stupéfait, se dresse brusquement, la cithare à la main, abandonnant son siège".

Gavin Hamilton (1723-1798) Achille pleurant Patrocle

Coypel Charles-Antoine (1694-1752) Départ d'Achille pour venger la mort de Patrocle

- Descente aux enfers: le héros n'affronte pas les dieux, mais se lance dans une de ces entreprises inouïes qui manifestent son être épiphanique. Il s'aventure dans un lieu d'où aucun des mortels ordinaires n'est jamais revenu, et en reviendra (Ulysse, Enée). Dans le western, les enfers antiques sont remplacés par ces "portes du diables" ou ces "déserts de la mort" que jamais personne n'a pu traverser, mais que le héros, lui, franchira pour ensuite reparaître dans le monde des vivants.

12- Planche: les enfers

La descente aux Enfers est une aventure archétypale du modèle héroïque, éprouvée en premier par le héros sumérien Gilgamesh, puis par Héraclès qui vient délivrer Thésée, ou encore Ulysse et, à son exemple, Enée.

Ulysse, aux enfers, rencontre ses compagons (Film de Camerini)

EnŽe aux enfers, Virgile, Enéide. Vers 1500

 

IV- Le compagnonnage héroïque

 Souvent le héros est accompagné d'un autre lui-même, d'un ami à toute épreuve. C'est le fameux thème du double: Gilgamesh et Enkidu, Achille et Patrocle, Roland et Olivier, etc. De même, dans le roman policier ou le western, le héros est fréquemment assisté d'un ami fidèle. Pourquoi ce double? Cette amitié virile confère un nouvel attrait au protagoniste, lui permet de parler de lui-même ou d'accomplir de nouveaux exploits. Grâce à l'ami, certains hauts faits interdits à un seul deviennent possibles. Mais surtout ce couple errant de par le monde est plus attachant qu'un héros solitaire, même s'il s'agit d'une parodie, comme avec Don Quichotte et Sancho Pança.

Existent aussi des groupes héroïques: les quatre fils Aymon, les trois mousquetaires, les sept samouraïs, les sept mercenaires. Ces ensembles se retrouvent dans l'équipe sportive ou militaire (le commando de parachutistes, le groupe de résistants), l'équipage (Le Cuirassé Potemkine, d'Eisenstein), l'armée, le prolétariat messianique de tant d'oeuvres épiques des socialismes soviétique ou chinois.

Ainsi passe-t-on aisément de l'héroïsme individuel à l'héroïsme collectif.

 

V- Le hŽros et l'univers fŽminin

1- Repos du guerrier:  Dans la plupart des cas, l'univers féminin se présente comme une menace pour lÕaccomplissement éclatant de soi: mollesse du nid, sortilèges de la courbe et de lÕopulence, tiédeur, enlisement. La femme pourtant attire, semble ensorceler : aussi apparaît-elle souvent sous les traits d'une magicienne (Circé dans l'OdyssŽe, Armide dans La JŽrusalem dŽlivrŽe du Tasse). Longue serait la liste des amours éphémères auxquelles le héros échappe enfin dans un sursaut de volonté: Ulysse fuyant Circé, puis Calypso; Enée s'arrachant des bras de Didon pour aller fonder Rome; l'agent secret échappant aux charmes de la fascinante espionne et réussissant sa mission. Très souvent la femme n'est que le repos du guerrier. Celui-ci, après avoir passé auprès d'elle un temps de délices, l'abandonne (Médée, Ariane)...

2- Moteur de l'héroïsme: Bien que cette solution imaginaire de la rencontre avec la femme soit de loin la plus fréquente, il en existe d'autres. La plus marquante est celle de la littérature courtoise, du XIIIe au XVIIe siècle, en France surtout. Devenue suzeraine de son chevalier, c'est la Dame elle-même qui, sensible aux exploits guerriers, envoie au loin son soupirant pour vérifier sa vaillance. Par ses hauts faits celui-ci doit mériter les faveurs, et ne la recevra que comme prix de son courage. Le désir amoureux attise ici l'héroïsme au lieu de le menacer.

- Dans ces deux cas, la femme est éblouie par le rayonnement du surhomme. Les interdits sociaux et moraux sont balayés: Médée trahit les siens par amour pour Jason; Périgouné s'éprend de Thésée, assassin de son père, et Chimène du Cid. Guenièvre se donne à son chevalier servant, Lancelot. Ainsi le héros tend à se situer au-delà du bien et du mal.

3- Effet compensatoire: Une troisième issue est possible. Le héros vit dans un univers de brutalité et de paroxysme: cette exaspération de la force virile n'a-t-elle pas quelque chose de frustrant? La femme peut alors apparaître comme la Sagesse ou, dans un univers chrétien, la Grâce, qui apporte la douceur, la réconciliation du forcené avec lui-même, la sérénité, une autre sorte de joie que celle des triomphes guerriers.

13- Planche: Place et rôle de la femme

Coëssin de La Fosse Charles-Alexandre (1829-1910) Ariane abandonnŽe

GuŽrin Pierre-Narcisse, Baron (1774-1833) Enée racontant à Didon les malheurs de la ville de Troie

Joos de Momper (1564-1635) Ulysse et Calypso

Bartholomaus Spranger (1546-1611)  Ulysse et CircŽ

Louis Gauffier (1762-1801)  Ulysse et Nausicaa (1798)

 

VI- L'héroïsme féminin

La rêverie héroïque crée presque toujours des figures masculines: le phénomène peut s'expliquer par la plus grande force physique de l'homme, par la situation sociale de la femme jusqu'à une époque récente, par les caractéristiques de sa vie sexuelle et par ses maternités.

Il existe pourtant des héroïnes. Mais on les représente habituellement en vierges insaisissables. La mythologie grecque fournit l'exemple de la rapide Atalante, exposée dès sa naissance sur le mont Parthénion, nourrie par une ourse, etc. Mais pour elle l'héroïsme prend fin lorsqu'elle épouse Mélanion (dit aussi Hippomène). Chez les filles, l'héroïsme se perd avec la virginité. Les Amazones elles-mêmes parvenaient très mal à concilier leur désir d'efficacité guerrière et leur désir tout court pour les beaux hommes qu'elles combattaient.

Il existe tout de même un cas où la réalité a dépassé la fiction: l'histoire de Jeanne d'Arc. Les faits ont réalisé ce que l'imagination avait tant de peine à concevoir pour une fille.

Née d'une famille obscure (mais bientôt on la supposera d'origine royale), gardeuse de bêtes (comme David), Jeanne est choisie par Dieu. Après la vie cachée commence l'épiphanie : elle est reconnue par le roi ˆ un signe demeuré secret. Alors se succèdent les victoires. Elle est vierge. Son rayonnement est tel que ses soldats la respectent. Un jour, elle est trahie et fait l'objet, comme le Christ, d'un procès inique. Mais son bûcher n'est que le lieu de son apothéose. Il n'est pas étonnant que tant d'artistes aient été fascinés par un pareil scénario, un mythe vrai.

14- Planche: Amazones

Peintre du Louvre (4e siècle av J.-C.) Péliké lucanienne

Amazone, CrŽsilas (?), 430 av JC

Le rapt d'Antiope par ThŽsŽe ThŽsŽe et Antiope 520 av. JC fronton du temple d'Apollon DaphnŽphoros ˆ ErŽtrie

Rubens, Combat des amazones

Marbre, oeuvre romaine, IIIe siècle apr. JC. Scène de la guerre de Troie

Achille et PenthŽsilŽe, Vase ˆ figures rouges

Pierre Mignard, La rencontre d'Alexandre avec la reine des Amazones .

15- Planche: Atalante

Atalante courant 1er ap J.-C/2e ap J.-C. (?)

Femme drapée à l'antique tenant une pomme (Atalante ?) Sèvres, Cité de la céramique

Halle Noël (1711-1781) La Course d'Hippomne et d'Atalante

Pradier Jean-Jacques (1792-1852), James (dit) La Toilette d'Atalante

Le Brun Charles (1619-1690) La Chasse de Méléagre et Atalante.

16- Autres hŽroines

Torse fŽminin antique, dit autrefois "plongeuse Hydna"

Baudry Paul Jacques Aimé (1828-1886) Charlotte Corday

Eugne Grasset (1841-1917) : Jeanne d'Arc, Sarah Bernhardt

 

Jeanne d'arc

Films :

2008 Christian Duguay avec Leelee Sobieski

1999 Luc Besson Milla Jovovich

1962 Robert Bresson  Florence Delay

1957 Otto Preminger Jean Seberg

1949 Victor Fleming Ingrid Bergman

1927 La Passion de Jeanne d'Arc Carl Theodor Dreyer RenŽe Falconetti

1917 Cecil Blount DeMille   GŽraldine Farrar

17- Planche: Les visages de Jeanne au cinŽma (visages de la foi)

 St Georges par Rubens. Milla Jovovitch (Besson), Géraldine Farrar (B deMille), Renée Falconetti (Dreyer), Florence Delay (Bresson), Jean Seberg (Preminger), Leelee Sobieski (Duguay), Ingrid Bergman (Fleming)

18- Planche: L'apothŽose

Cordonnier Alphonse-AmŽdŽe (1848-1930) Jeanne au bžcher

Georges-Laurent Saupique (1889-1961) Jeanne au bžcher

Hermann Stilke (1803-1860), Jeanne d'Arc sur le bžcher

19- Planche: Le sauveur

Ingres, Jeanne d'Arc au sacre de Charles VII

Géraldine Farrar et Ingrid Bergman au même événement

20- Planche: Force et rŽsolution

Statue de Frémiet (original place des pyramides en bronze doré), bibliothèque d'état de Melbourne. le visage fermé et résolu servira de modèle aux différentes actrices interprètes du rôle: Milla Jobovitch, Leelee Sobieski, Ingrid Bergman.

21- Planche: Noblesse des armes

Statue de Jeanne d'Arc Place du martroi, Jargeau, 1895, Alfred Lanson.

Beaugency, statue de Jeanne d'Arc, oeuvre du sculpteur Fournier réalisée en 1896

22- Planche-Noblesse et Žlan animalier

Ballon d'Alsace, statue inaugurée le 19 septembre 1909, Mathurin Moreau.

Leelee Sobieski  dans la mme attitude

23- Planche: Lutte du bien et du mal

Saint Georges terrassant le dragon, Delaroche

Chinon, Statue équestre de Jeanne d'Arc, Jules Roulleau 1893

24- Planche: les batailles, le chef

Franck Craig (1874-1918) La pucelle! Jeanne d'Arc à la tête de son armée

Uccello, San Romano

Deux albums pour enfants, le second de Boutet de Monvel

25- Planche: les batailles, le chef, scne du film de Besson

 

DU HEROS GUERRIER AU HEROS CIVILISATEUR

 

A partir de la seconde moitié du XVIIe siècle s'est développée une critique corrosive de la conception traditionnelle de l'héroïsme. En France, un Pascal et un La Rochefoucauld participent à cette "démolition du héros" (Paul Bénichou, Morales du Grand Siècle, 1948). Le tournant le plus net est pris avec Les Aventures de TŽlŽmaque (1699), où Fénelon, tout en maintenant les exploits classiques (lutte contre le monstre, combats singuliers), fustige les héros épris de violence comme des "fléaux du genre humain" ; l'idéal devient le sage politique, pacifique, créateur de cités harmonieuses. En 1759, dans Candide, Voltaire s'en prend à la guerre comme "boucherie héroïque". C'est dans ce climat que commence à s'affirmer la célébration des "grands hommes", avec leur mausolée parisien, le Panthéon, où voisinent savants illustres, écrivains-phares, législateurs marquants.

Au XXe siècle, un Romain Rolland consacre un roman-fleuve, Jean-Christophe, à celui qui lui apparaît comme un véritable héros-musicien, Beethoven, auteur d'une puissante symphonie Eroïca. Et la trajectoire d'un constructeur de paix comme Nelson Mandela, en Afrique du Sud, correspond de façon étonnante à l'inusable "modèle".

Une pareille métamorphose ne saurait surprendre au sein d'une culture imprégnée de christianisme: la vie de Jésus transpose avec perfection le modèle héroïque en le dépouillant de toute violence, et le nimbe des saints n'est qu'un avatar du rayonnement solaire qui caractérise tant de héros. Les féministes ont conféré une vigueur nouvelle à la dénonciation des héros comme représentants dérisoires de la furie mâle.

Néanmoins la rêverie héroïque demeure si puissante que coexistent désormais les deux versions du "modèle", Gandhi et Che Guevara. Coexistence fragile, tant les exploits violents continuent à déferler dans les productions de la culture de masse, des James Bond aux jeux vidéos. Ces deux versions se sont mêlées en particulier dans l'énorme vague épique liée à l'essor du socialisme communiste, avant son reflux.

 

TYPOLOGIES

Source, catalogue BNF

 

I- HŽros aristocratique

1- Naissance du hŽros Žpique

Le héros épique naît dans les premières civilisations qui chantent la gloire de personnages dont on conte les fabuleux exploits. Dans la civilisation grecque, Achille, Hector, les célèbres héros homériques de l'Iliade (VIIIe sicle avant J.-C.), HŽracls, ainsi que les demi-dieux des Travaux et les Jours d'Hésiode (VIIe siècle avant J.-C.), accomplissent des exploits extraordinaires et mettent en scène, chez Homère surtout, l'idéal d'une mort héroïque qui parcourt toute l'Antiquité.

Ces êtres d'exception, dotés d'une stature et d'une force extraordinaires, sont le plus souvent des demi-dieux. Ils peuvent, à l'occasion d'un séjour aux Enfers, nous relater une expérience de la mort mais ils ont un statut de mortels et, s'ils connaissent une apothéose (Gilgamesh, Héraclès), ils ne peuvent l'envisager de leur vivant.

Le hŽros homŽrique recherche la "belle mort" (kalòs thanatos). C'est dans le cadre de cette culture aristocratique de l'honneur et de la mort héroïques que les Grecs répondent à l'angoissante question du sens de la vie, du vieillissement et de la mort, dans un univers mental où l'idée de résurrection des corps est impensable.

Achille n'a pas vraiment à choisir entre une vie brève et glorieuse et une vie longue et obscure puisque tout compromis, toute offense lui sont insupportables. Sa hantise de l'humiliation le voue, par avance, à la belle mort. A travers Achille, l'héroïsme parle son langage le plus pur. Sa volonté d'outrager le cadavre d'Hector vise à déposséder ce dernier de la belle mort et, ainsi, à le faire disparaître de la mémoire des hommes. A la différence d'Achille ou d'Ulysse, Héraclès ou Thésée accomplissent leurs exploits à titre plus personnel.

 

2- Le hŽros antique et la citŽ

- En Grce, les hŽros mythiques sont associŽs aux profondeurs du sol (dimension chtonienne), au territoire de la citŽ, ˆ la pŽrŽgrination, donc ˆ une vaste gŽographie: ainsi HŽracls parcourt-il une grande partie du monde tout en le dŽlivrant des monstres et des tres dangereux, et ThŽsŽe accomplit des prouesses civilisatrices similaires.

- Protecteurs de la communautŽ, les hŽros sont extrmement divers.

- Dans une civilisation o la guerre occupe une place importante, les guerriers sont surreprŽsentŽs.

- Le héros collectif est un modèle instrumentalisé au service de la célébration des valeurs de la cité athénienne.

- Les athlètes peuvent figurer parmi les héros puisque l'agôn (le concours, la compétition, le duel) est une valeur fondamentale qui consacre l'excellence (aristeia).

- Le héros fédère et définit l'identité de la cité à travers son territoire. Ainsi, Clisthène l'Athénien en 508-507 avant J-C répartit le corps civique en dix tribus, auxquelles il fait attribuer par la Pythie dix héros éponymes.

26- Planche:

Hercule Farnse, type statuaire dont l'original est une sculpture grecque antique attribuŽe ˆ Lysippe (IVe sicle av. J.-C.).

Gladiateur Borghse, statue grecque de l'époque hellénistique, oeuvre d'Agasias d'Ephèse.

 

3- Le hŽros mŽdiŽval: saint, roi, preux

- Saint: Les Pères de l'Eglise débattent, au IVe siècle, des ressemblances et des différences entre les héros et les saints. Les deux figures peuvent se nourrir réciproquement. Les saints sont pour l'Eglise des modèles à imiter et, pour tous, des guides spirituels dans la voie du salut. A partir du Xe siècle la papauté cherche à contrôler, par les procès de canonisation, la qualification des grands hommes médiévaux. Au XIIIe siècle, les critères deviennent plus stricts, les procédures officielles plus coûteuses, creusant ainsi le fossé avec les saints populaires, sauveurs dont les précieuses reliques, souvent objets de dévotion spontanée, sont âprement disputées.

- Le chevalier: La chevalerie se constitue entre le XIe et le XIIIe siècle. Formée de simples combattants à cheval, elle devient un ordre réservé à la noblesse à partir du XIIIe siècle. A la différence du saint, le preux ("celui qui est utile") n'est qu'un héros interne à l'aristocratie. Le personnage de Roland est emblématique de l'idéal de la chevalerie chrétienne avant d'être l'archétype du chevalier français. Il est en fait le produit d'une épopée littéraire élaborée vers 1100, La Chanson de Roland, qui raconte les expéditions de l'armée de Charlemagne en Espagne contre les Sarrasins, soit quatre siècles auparavant. Cette chanson de geste (du latin "gesta" qui désigne les actions héroïques et par métonymie l'histoire de ces hauts faits) est la première d'un genre qui connaît son apogée en Occident, dans la féodalité des XIe, XIIe et XIIIe siècles. Elle célèbre, à travers les figures héroïques de Roland, Olivier et leurs compagnons, l'esprit manichéen de croisade qui les anime jusqu'au martyre à Roncevaux.

- Le roi: Présentés comme héritiers des souverains bibliques, tel David, les nouveaux héros de l'art de gouverner sont les rois, porteurs de trois fonctions sociales fondamentales: juges, guerriers, bienfaiteurs. Charlemagne, Arthur, Saint Louis

27- Planche

La Vie et miracles de monseigneur saint Martin, 1496

La mort de Roland ˆ Roncevaux, David Aubert (actif 1456-1479) : Chroniques des empereurs

Charlemagne combat les quatre fils Aymon, Renaut de Montauban Bruges, 1462-1470.

Les Chevaliers de la table ronde, film de Richard Thorpe, 1953

 

4- Le hŽros classique

- Quattrocento: Les valeurs  tournent autour de l'humanisme. La dimension religieuse influe sur la vie publique mais n'est plus centrale. L'être humain est au centre de l'action, qu'il soit prince et mécène, artiste, marchand ou banquier, ou encore militaire (condottiere). Avec des personnalités comme Michel-Ange apparaît le héros comme génie, l'artiste pouvant désormais se révéler comme l'une des figures de l'excellence. Néanmoins la première qualité du héros est toujours martiale: vaillance, vertu, pouvoir de commander. On verra tout au long de cette période l'évolution du héros aristocratique, d'une place prééminente à la mutation vers le grand homme et jusqu'à sa quasi-disparition au cours du siècle des Lumières.

- Classicisme: Louis XIV choisit ses modèles et construit son image. Le roi est le miroir, il est l'exemple en tout. Au début de son règne, il s'appuie sur la figure du grand conquérant macédonien. Dans les Batailles d'Alexandre peintes par Charles Le Brun, l'assimilation au monarque est évidente. Louis XIV ne cessera d'être un roi guerrier pendant la majeure partie de son règne, et sera héroïsé en imperator romain. C'est cependant en protecteur des arts que le Roi-Soleil choisira d'apparaître dans la propagande monarchique absolutiste, abandonnant aux hommes de guerre (le Grand Condé, Turenne) la dimension militaire.

- Eclipse du héros: Les moralistes, comme La Bruyre  ou Pascal, attaquent le héros et son égoïsme attaché à la gloire et prônent l'universalité de l'honnête homme, ennemi de tous les extrêmes. Fénelon écrit pour le duc de Bourgogne, petit-fils de Louis XIV, les Aventures de TŽlŽmaque, roman éducatif qui ne décrit pas un héros, mais un prince prudent et mesuré, instruit à la fois par son guide et par l'expérience.

28- Planche

Paolo Uccello, John Hackwood, Sainte Marie des Fleurs, Florence

Vasari, Portrait de Laurent le Magnifique

Michel Ange, Plafond de la Sixtine

Alexandre sous les traits de Louis XIV, Girard Audran (1640-1703), d'après Charles Le Brun (1619-1690) : L'EntrŽe d'Alexandre dans Babylone

Voltaire, Candide ou l'Optimisme, Dessin original de Jean-Michel Moreau le Jeune

II- HŽros national

1- figures héroïques de la Révolution à l'Empire

La Révolution française éclate alors que le débat sur les mérites respectifs des grands hommes et des héros tournait à l'avantage des premiers. Les philosophes des Lumières avaient achevé de disqualifier les "saccageurs de province" (Voltaire) au profit de figures socialement plus utiles, car plus pacifiques et plus constructives. Pourtant, les bouleversements politiques de1789 réhabilitent un héroïsme politique et militaire qui cherche à concilier les nouvelles valeurs méritocratiques, démocratiques et laïques avec les traditions du martyre et lÕhéritage littéraire des humanités.

- HŽros rŽvolutionnaire: Le débat sur la définition du grand homme et, subséquemment, celle du héros, devient une passion nationale dès lors jamais démentie. La Révolution permet aux hommes politiques, représentants de la nation, de prendre le relais des écrivains pour juger de la grandeur d'un individu et de son éventuelle entrée dans le temple laïc. Les urgences politiques de la période et les volontés d'instrumentalisation furent parfois incompatibles avec la sérénité et la distance nécessaires pour procéder à ces choix. Si des philosophes comme Voltaire ou Rousseau ne suscitèrent guère de controverse, la Convention décida par exemple d'expulser du Panthéon les cendres de Mirabeau, devenues indésirables après la découverte de sa correspondance secrète avec Louis XVI, et d'y installer Marat. Moins de cinq mois après, le 14 février 1795, la même assemblée décidait de l'expulser à son tour.

L'héroïsation de Joseph Bara, le petit hussard de quatorze ans tué par des paysans vendéens en 1793, est révélatrice des problèmes posés par l'utilisation des héros pendant la période révolutionnaire, puis la construction d'une mémoire de cette Révolution française, de la IIIe République à nos jours.

29- Joseph Bara
David, Mort de Bara, tableau inachevé, 1793-94
Gravure

NapolŽon

C'est Bonaparte lui-même qui construit son propre mythe, et ce, dès la campagne d'Italie, en 1796-1797. Il confie l'organisation de sa légende à un Dépôt de la guerre, qui réunit des documents, des instructions, des textes officiels, élaborant et transformant les récits des batailles. Les images et, plus encore, les journaux créent le mythe du héros intrépide, vertueux et éclairé. La presse, étroitement contrôlée, et les tableaux de Girodet, de Gros et de David fixent l'image que l'on doit avoir de Napoléon.

30- Planche: la lŽgende NapolŽonienne

Bonaparte au pont d'Arcole (17 Novembre 1796), Antoine-Jean GROS

Bonaparte au Grand Saint-Bernard, David

31- Planche: Diffusion de la lŽgende

32- Planche: l'empereur victorieux, compatissant, humain, proche du peuple, bon pre, bon administrateur

Gros, Bataille d'Eylau

Gros, Les pestifŽrŽs de Jaffa

NapolŽon ˆ cheval, boit ˆ la gourde d'un grenadier

Jacques-Louis David, Napoléon dans son bureau, 1812

Le roi de Rome endormi sur les genoux de son pre dans son cabinet de travail des Tuileries, litho coloriŽe

2- Fabrication de l'histoire

L'instrumentalisation des héros, les interprétations multiples de leurs actes sont d'autant plus aisées que l'on va les chercher loin dans le passé. La IIIe République, qui s'est mise en place après le traumatisme de la défaite de 1870, a demandé aux héros d'être des modèles pour la formation de citoyens amoureux de leur patrie. Dans les manuels scolaires, et notamment le Petit Lavisse, les grands hommes se spécialisent: Pasteur est le modèle du savant, Victor Hugo celui de l'écrivain, Gambetta, du politique. Ils alternent avec les actions héroïques de Vercingétorix, de Roland, de Jeanne d'Arc, de Bayard ou du trio Hoche, Kléber et Marceau.

La Troisième République représente, dans les manuels laïques, le régime idéal et définitif de l'histoire de France. Répondant aux voeux de la très grande majorité des Français, elle permet de mettre un point final aux révolutions et d'assurer la paix et la prospérité à tous.

Si le manuel ne se transforme pas en un catéchisme républicain, en revanche les livres de vulgarisation, placés dans les bibliothèques scolaires et offerts en prix, donnent du passé une interprétation plus partisane. Dans le panthéon qu'ils proposent, l'histoire de France se décline en trois chapitres nettement découpés:

PrŽcurseurs de la RŽvolution

Vercingétorix - Etienne Marcel - Gutenberg - Etienne Dolet - Rabelais - Voltaire - Rousseau - Diderot

HŽros de la RŽvolution

Bara François - Lazare Carnot - Danton - Desaix - Kléber - Marceau - Mirabeau - Mme Roland - Viala

Fils de la RŽvolution

Arago - Lamartine - Victor Hugo - Gambetta

33- Planche: Fabrication de l'histoire

Franois-Emile Ehrmann (1833-1910), VercingŽtorix appelle les Gaulois ˆ la dŽfense d'AlŽsia, 1869 (musŽe des Beaux-Arts, Clermont Ferrand)

Joseph Weerts (1846-1927), Mort de Bara

 

3- Enseignement de lÕhistoire

Le manuel d'histoire occupe désormais une place centrale dans l'éducation primaire. Il devient un authentique bréviaire républicain, dont les temps forts correspondent aux actions patriotiques des héros qui ont fait la France: Vercingétorix, saint Louis, Jeanne d'Arc, Louis XI, Richelieu, Danton... Manuels scolaires et livres de vulgarisation fonctionnent de manière complémentaire pour privilégier le culte des grandes figures exemplaires. L'iconographie met sous les yeux du jeune lecteur une galerie des portraits de ses principaux héros et une topographie des lieux de mémoire de la France éternelle, du plateau d'Alésia investi par les Romains en 52 avant Jésus-Christ, aux murs de Paris assiégé par les Prussiens en 1870.

Le Livre d'or de la Patrie

Souverains

Charlemagne

Philippe-Auguste

Saint Louis ou

Louis IX

Louis XI

Franois Ier

Henri IV

NapolŽon Ier

Soldats et marins

Du Guesclin

Jeanne dÕArc

Bayard

Turenne

Jean Bart

Duguay-Trouin

Vauban

Dupleix

Montcalm

La PŽrouse

La Tour dÕAuvergne

Drouot

Grands ministres

Sully

Colbert

Richelieu

Savants illustres

Buffon

Parmentier

Jacquard

Pasteur

34- Planche:

Aubin Aymard : Histoire de France. Premier livre (des origines ˆ 1610)

Couverture de cahier, Les gloires navales de la France, Jean Bart, vers 1899-1900

Page de livre d'histoire des annŽes 1900,  faon images d'Epinal, Clovis

Livre d'histoire 1946, Gambetta quittant Paris en ballon

Pochette d'allumettes Jeanne d'Arc (film de dreyer)

4- La grande guerre: du hŽros ˆ la victime

En France, la Grande Guerre a mobilisé toute la nation, tué un million quatre cent mille personnes et fait près de trois millions de blessés. Rares sont les familles qui ne sont pas touchées par la perte d'un des leurs. Souvent présentés comme des héros dans la première moitié du XXe siècle, les poilus apparaissent davantage aujourd'hui comme des victimes contraintes ou consentantes de cet immense sacrifice. La Première Guerre mondiale a provoqué un tournant majeur dans le rapport entre héroïsme et victimisation. Les sensibilités collectives, les représentations, les institutions portent la trace de cette mutation qui, avec des intermittences au XXe siècle, a disqualifié le héros pour sacraliser la victime.

Esthétique héroïque des poilus

L'analyse des postures des combattants dans les dessins et aquarelles reproduits dans L'Illustration entre 1914 et 1918 témoigne de cette même évolution. L'esthétique héroïque peu réaliste des offensives menées glorieusement en 1914 laisse place à des représentations plus populaires, de poilus endurcis, puis de martyrs de la patrie, moins guerriers mais plus humains. Abandonnant la posture verticale, les héros deviennent des victimes horizontales couchées, rampantes, enterrées dans les tranchées.

35- Planche: du hŽros combattant ˆ la victime hŽroisŽe

Abel Faivre (1867-1945) : On les aura! 2e emprunt de la DŽfense nationale. Souscrivez

Les hŽros de Verdun: Douaumont. Groupement Mangin. Octobre 1916: Sur les pentes sud du fort, tranchée plus avancée

Jean Droit (1884-1961), Les boues de la Somme. Relve au petit jour devant la Maisonnette (novembre 1916).

5- Entre deux guerres

- Inversion des valeurs

Après l'hécatombe de la Grande Guerre, la notion de héros perd de son sens. La formule de "chair à canon" revient sous toutes les plumes, avec le "plus jamais ça !". Pour les monuments aux morts, si certaines municipalités valorisent encore la posture héroïque, comme un réflexe, un archétype automatique, la plupart exploitent la douleur, allant jusqu'à la revendication pacifiste primordiale : "Maudite soit la guerre" (Commune de Gentioux).

36- Planche: Un culte civique local, les monuments aux morts en France

Hautvillers ? (Montagne de Reims), monument aux morts

Noter l'attitude hŽro•que du poilu, avec en main la couronne de lauriers et la palme.

Gentioux (Creuse) Le monument aux morts de Gentioux

- Au service de la propagande

On assiste au durcissement des valeurs héroïques dans les idéologies des régimes totalitaires alors que ces valeurs connaissent un déclin dans les sociétés démocratiques. Des bras sont armés, des groupes unis sous la bannière de la production, les têtes nourries de grandes figures emblématiques, embrigadées dans une politique de revanche. Le mythe de la performance quasi sacrificielle du mineur soviétique Alexeï Stakhanov, pulvérisant en 1935 les quotas usuels de production, est reprise par la propagande communiste, qui lui décerne le titre de "héros du travail". Adolf Hitler dans ses écrits exalte la figure du héros en tant que chef, ainsi que le retour de la force et de la barbarie, et des lois de la nature opposées à celles de la culture. Le nazisme prône le culte du corps et valorise ses athlètes, aux Jeux Olympiques de 1936 et dans les Dieux du stade de Leni Riefenstahl.

37- Planche

L'homme d'acier: Katchestvennaia stal SSSR [L'Acier de qualitŽ en URSS]

Jeunesse Olympique, affiche pour le film Olympia de Leni Riefensthal

- HŽros et grands hommes: La figure du "sauveur"

Pris comme cible par les propagandes de Vichy et de l'occupant, de Gaulle n'en devient que plus populaire. Familier par la voix et mystérieux par le visage, parlant d'un lointain où s'enracine l'espoir, il pénètre dans l'intimité des foyers par l'écoute clandestine de la radio de Londres, premier acte de dissidence sinon de résistance. Reconnu comme chef d'une Résistance unifiée en 1943, il devient une légende et incarne à lui seul la Résistance. A la Libération, il éclipsera tous les autres, les précédant d'ailleurs symboliquement dans le cortège du 26 août 1944 aux Champs-Elysées. Il incarne parfaitement deux figures du mythe du "sauveur".

38- Planche

Sasha Masour (actif 1930-1950), Le gŽnŽral de Gaulle descendant les Champs-ƒlysŽes le 26 aožt 1944

Germa Belaychaw (ou Besatchaw), Scènes de la vie de Charles de Gaulle, entourées de scènes de l'histoire de Salomon et de la reine de Saba, tableau offert au général de Gaulle par les élèves du lycée franco-éthiopien Guebre Mariam d'Addis Abeba, au cours d'un voyage officiel du président de la République française en Éthiopie (27-29 août 1966)

 

III- Mondialisation

- Après la Seconde Guerre mondiale, l'univers héroïque est profondément recomposé dans le monde occidental. L'horreur du conflit international a fait naître la volonté de reconstruire, sur ce champ de ruines, un monde fondé sur des valeurs de justice, de solidarité, d"humanisme.  Ainsi, sous sa forme guerrières, le héros disparaît (dans la vie réelle, mais nullement dans la fiction).

- Mais l'on sait le rôle que jouent les modèles dans le processus de construction des individus ou des groupes humains... Concentrateurs d'énergies, draineurs de rêves, exutoires de violences, les héros persistent, sous une forme atténuée, et s'illustrent avec une vigueur nouvelle dans l'imaginaire et la fiction. S'inventent d'autres modèles qui répondent au besoin d'admirer, de s'enflammer, d'adhérer à une cause, à des valeurs. Beaucoup de héros sont des créatures de fiction: cow-boys solitaires, Hercules de péplums, agents secrets, super-héros, personnages de fantasy: nés dans la littérature ou la BD, ils s'épanouissent dans tous les domaines de l'audiovisuel et du multimédia. Des figures plus éphémères, comme les aventuriers ou les sportifs, incarnant réussite individuelle et célébrité, se rapprochent des stars et témoignent de l'usure rapide des héros d'aujourd'hui. Le système médiatique exploite à l'extrême ce processus narcissique.

1- Familles héroïques et medias

- Le hŽros du collectivisme:

Depuis Germinal, le mineur a incarné le héros ouvrier et une certaine idée du peuple forgée dans les luttes du mouvement ouvrier au XIXe siècle, relayée par le Parti communiste français. Les catastrophes minières, comme celle de Courrières (1906), la plus meurtrière, entraînent le culte des martyrs parmi les travailleurs de l'ombre. Le secrétaire général du Parti communiste français Maurice Thorez, "fils et petit fils de mineur", s'invente partiellement une généalogie auréolée du prestige du "peuple de la nuit" en lutte pour des jours meilleurs. Grandis par leur résistance à l'occupant nazi, les mineurs français se lancent après 1945 dans l'effort de reconstruction. Un slogan affirme alors : "Le mineur est l'homme que nous admirons le plus."

- Le hŽros messianique

Révolutionnaire, martyr, idole, ce modèle composite intègre des figures résistantes et politiques comme Nelson Mandela (son destin est conforme au modèle héroïque : ascendance royale, vie cachée, emprisonnement, retour triomphal, présidence de l'Etat), l'Afghan Massoud (le "lion du Panshir"), Gandhi ou Martin Luther King... Le personnage le plus emblématique de cette famille est incontestablement Ernesto Guevara de La Serna, plus connu sous le nom de Che Guevara, né le 14 juin 1928 à Rosario (Argentine) et exécuté sommairement à La Higuera (Bolivie) le 9 octobre 1967.

- Le hŽros aventurier

Héritiers d'Icare et de Jason, les aventuriers et explorateurs, combattants de l'impossible, se lancent des défis et vainquent ou perdent la vie. La geste de ces héros "de l'extrême", parfois entachée d'orgueil, de folie ou d'inconscience, se mesure en exploits, toujours chèrement payés et qui ne valent qu'en étant le premier ou l'inégalé. Passion et conviction d'un solitaire, entreprise sponsorisée par un milliardaire ou tension volontaire de toutes les énergies d'une grande puissance en compétition pendant la guerre froide, ces prouesses ont l'univers entier comme champ d'action

- Le hŽros humanitaire

Mère Teresa, fondatrice de l'ordre des Missionnaires de la charité, béatifiée en 2003, et Henri Grouès, l'abbé Pierre, décédé en 2007, s'inscrivent, par leur lutte active contre la misère, dans cette catégorie qui essaie de conjuguer humanisme et héroïsme. Souvent forte, la médiatisation est nécessaire pour recueillir des fonds, pour la plupart privés. Elle peut entraîner des dérives, un brouillage entre héroïsme et célébrité, des querelles d'opportunité (Médecins sans frontières, en 1979).

- Le battant, le sportif

Le culte de la performance, qui s'applique traditionnellement au monde des affaires et de l'entreprise, s'élargit dans les années 1980 quasiment à l'ensemble de la société. Le héros sportif, succédané de guerrier, n'a pas grand-chose à voir avec le héros antique aristocratique. Ce ne sont plus les dieux qui parlent à travers ses exploits, c'est l'individu ordinaire qui accède à la célébrité. Le champ sportif révèle les tensions et les contradictions de nos sociétés. L'individu exhibe sa singularité tout en prétendant ressembler aux masses. Les valeurs méritocratiques et pacifistes mises en avant dans le discours sportif se heurtent souvent à la réalité des inégalités et de la violence, bien que l'affrontement soit théoriquement contraint par l'euphémisme du fair play et d'un code d'honneur sportif non écrit.

- Le guitar hero

Depuis Orphée, qui charmait les bêtes sauvages et a rendu le dieu des Enfers sensible à ses plaintes, le musicien comme le poète ont pu être perçus sur le mode héroïque: dans les airs de fureur de Roland ou d'autres chevaliers à l'époque baroque, dans l'inspiration d'un Beethoven, dans la démesure de la Symphonie des Mille de Gustav Mahler, dans l'opéra wagnérien (et jusqu'à son exploitation dans la propagande nazie), et chez les rock stars .

39- Planche: Mondialisation, nouvelles icones

- Ambiguïtés

L'après 11 septembre cristallise toutes les ambiguïtés de la notion de héros aujourd'hui et le danger des amalgames: d'un côté des sauveteurs et pompiers héroïsés par les médias, de l'autre des terroristes kamikaze, héros également ailleurs.

40- Planche

L'attentat du 11 septembre 2001

9-11 : l'hommage des auteurs de BD amŽricains

3- HŽros au cinŽma

Ce monde-là est terriblement manichéen. On y est affiche glorieusement pistolets, fusils, armes de toutes sortes, multiples, rudimentaires ou technologiques. Le militaire trouve ici des remplaçants. Le champ est libre pour la lutte et la ruse, le suspense, l'adrénaline... et le grand spectacle de cinéma de divertissement. Ce héros de fiction s'exprime dans les combats et les coups de feu échangés avec les méchants. L'agent secret 007 créé par Ian Fleming affronte, au sein d'épisodes à rebondissements, des incarnations du Mal et sauve toujours le monde, ou du moins sa face occidentale. La saga trouve sa pleine mesure et sa popularité grâce aux adaptations cinématographiques lui assurant une longévité exceptionnelle. Dans le western, cowboys, brigands, shérifs, justiciers, indiens, filles paumées et belles sauvages - tous des archétypes - cohabitent et s'affrontent dans un monde sans concessions, où le plus fort impose sa loi, où l'honneur et la parole donnée tracent une frontière entre civilisation et barbarie.

- Cow-boys et justiciers

41- Planche: Les conquŽrants Images dynamiques

42- Planche: Les conquŽrants Images statiques

- Espions et dŽtectives

43- Planche- CinŽma-Sauveurs du monde

My name is Bond, Ian Fleming (1908-1964)  Les diffŽrents acteurs Žponymes

Pas de roses pour pour OSS 117, André Hunebelle

Furia à Bahia pour OSS 117, André Hunebelle

- Redresseurs de torts, dŽfenseurs du  peuple

44- Planche-Cinéma-Zorro

1940 : Le Signe de Zorro (The Mark of Zorro) de Rouben Mamoulian avec Tyrone Power, Linda Darnell

1998 : Le Masque de Zorro (The Mask of Zorro) de Martin Campbell avec Anthony Hopkins, Antonio Banderas, Catherine Zeta-Jones

45- Planche-Cinéma-Robin des Bois

1938 : Les Aventures de Robin des Bois (The Adventures of Robin Hood), de Michael Curtiz, avec Errol Flynn et Olivia de Havilland.

1991 : Robin des Bois, prince des voleurs (Robin Hood, Prince of Thieves) de Kevin Reynolds, avec Kevin Costner, Alan Rickman, Morgan Freeman, Christian Slater, Sean Connery et Mary Elisabeth Mastrantonio.

1991 : Robin des Bois (Robin Hood) de John Irvin, avec Patrick Bergin et Uma Thurman.

2010 : Robin des Bois de Ridley Scott, avec Russell Crowe.

- Super-hŽros

46- Planche-Les super-hŽros

Spiderman, Sam Raimi, 2002, affiche du film

GŽnŽration Goldorak, Shogun Raydeen, Figurine en matire plastique.

John Byrne (nŽ en 1950), Superman, l'homme d'acier

Flash Gordon, Mike Hodges, 1980, affiche du film

Batman begins, Christopher Nolan, 2004, affiche du film

Iron man, Jon Favreau, 2008, affiche du film

- Héroïc fantasy

47- Planche

La magicien d'Oz, Victor Fleming, 1939, Judy Garland, image du film

L'histoire sans fin, Wolfgang Petersen, 1984,affiche

Willow, Ron Howard, 1988, affiche

Ladyhawke, Richard Donner, 1985, affiche

Excalibur, John Boorman, 1981, affiche

Le labyrinthe de Pan, Guillermo del Toro, 2006, affiche

Legend, Ridley Scott, 1985, affiche

Labyrinth, Jim Henson, 1986affiche

Harry Potter à l'école des sorciers, Chris Columbus, 2001, affiche

 

Sources essentielles: Philippe Sellier, Mythe du hŽros, Žd. Bordas. Exposition de la BNF HŽros, d'Achille ˆ Zidane.

 

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